Au lycée Dautet de La Rochelle, qui, depuis longtemps, fait participer les élèves au CNRD, les professeurs de trois disciplines (Histoire-Géographie, Lettres, Philosophie) ont conçu un programme pédagogique ayant pour objectif de faire comprendre aux élèves de Première et Terminale les grandes étapes du processus génocidaire, depuis les premières mesures de recensement des Juifs à la mise à mort et à la destruction méthodique de toute trace de l’existence d’un être humain (maisons, stèles funéraires, nom de famille, photographies, ossements ou cendres). Les professeurs, formés par le Mémorial de la Shoah, avaient clairement l’ambition d’améliorer les connaissances de leurs élèves, dans un contexte de recrudescence, notamment sur internet, de propos antisémites et négationnistes.
Ce projet ambitieux a été composé d’une phase de préparation, d’un voyage d’une semaine sur les lieux de mémoire de la Shoah et de la vie juive en Pologne en avril dernier, ainsi qu’une phase de restitution, comportant des productions variées de la part des élèves (livret, exposition photos, film…).
Les élèves ont commencé ce projet au long cours par l’étude de témoignages. Grâce à la participation du lycée au CNRD, le CDI et le laboratoire d’histoire-géographie ont mis à leur disposition une bibliothèque très fournie sur les thèmes de l’univers concentrationnaire et du génocide : Primo Levi, Ida Grinspan, Robert Antelme, Elie Wiesel, Serge Klarsfeld, Vladek Spiegelman… mais aussi sur les parcours des Juifs déportés de Charente-Maritime, sur lesquels les élèves ont pu mener des recherches afin de réaliser un livret retraçant le parcours des déportés juifs de l’agglomération de La Rochelle (pdf).
Afin de préparer le voyage du mois d’avril sur différents lieux de l’extermination (Drancy, Auschwitz, Dachau), mais aussi de la vie juive avant la Shoah (Cracovie) et de la mémoire du génocide (Nuremberg), les professeurs ont élaboré un solide livret pédagogique pour aider les élèves à répondre à certaines questions : comment et avec quels moyens ce génocide a-t-il été mis en œuvre ? En quoi les lieux de l’ancien ghetto juif de Cracovie témoignent d’une volonté d’anéantissement entre 1939 et 1945 ? Quel regard est posé sur l’être humain et l’humanité pendant un génocide ? Comment juger des actes aussi marquants que le génocide, la torture, la volonté de faire disparaître des êtres humains ? Comment ces lieux sont devenus des lieux de mémoire internationaux ?
Les élèves ont ainsi travaillé à partir de plusieurs supports afin de confronter et d’enrichir leurs connaissances : témoignages écrits, bandes dessinées, dépositions de procès, photographies des camps, croquis, mais aussi films de fiction ou documentaires…
L’exposition de photographies réalisée à l’issue de ce processus, en particulier le commentaire personnel que chaque élève fait du cliché retenu, témoigne de leur implication forte ainsi que de la maîtrise de notions et de connaissances liées à ces sujets. Cela atteste, si besoin en était, de l’utilité de cette approche pluridisciplinaire mise en place par des professeurs dont l’engagement est à saluer.
Ce projet pédagogique a été soutenu par la Fondation pour la Mémoire de la Shoah.